Partir de Londres, passer dans le tunnel sous la Manche pour le Conseil de l’Europe et le parc de l’Orangerie. Quel périple ! Une grande première pour Strasbourg. Un parc scindé en six zones lui est entièrement dédié.
Lui, c’est elle, la Flamme Paralympique.
Tout le bonheur de ce lieu historique est dans l’inattendu :
Inattendue est cette chronique de 1830 dénichée dans la cabane de "Livres en liberté", près du Temple de l’Amour, 4e zone, espace des animations culturelles et sportives. Un roman d’initiation dont le héros rêve d’une grande destinée. Un classique dont la lecture me fit vibrer dans ma jeunesse.
Inattendu, poétique et magique ce nez à nez avec deux relayeuses qui croisent leurs torches au design futuriste. Une occasion de passer en douceur de la zone 4 à la zone 2, le site du festival de la Flamme.
Inattendue est cette grande ambiance, chaleureuse et solaire, autour de la dalle de la Flamme Paralympique. Elle est flamboyante, la scène gigantesque, un condensé magique de Paris 2024. Solidement installée, elle accueille des démonstrations en tous genres. Athlètes titulaires d’un important palmarès, danseurs et chorégraphies rythmés par la musique s’y succèdent, encouragés par Ruben, l’animateur de Paris 2024. Combiner sport et chanson est un vrai plaisir. Mélange avec lequel tout ambitieux espère atteindre des sommets. Pour le sportif Aldi Riber, c’est "un excellent vecteur de sensibilisation stimulant le goût de l’effort qui mène plus haut, plus loin".
Sa personne en est l’exemple. Il s’est reconstruit grâce et avec le sport et la musique. Il est fier d’interpréter magistralement son œuvre, "Ta vie en sport". Ainsi, quoi de plus admirable que de prendre de l’altitude. Celle-ci donne du caractère et oblige à changer le regard. Suivent sur scène d’autres tableaux de danses au rythme desquels se trémoussent bénévoles, sportifs et spectateurs séduits et secoués par multiples émotions. Ici il n’y a pas de "valides" et "non-valides", handicapés et non-handicapés. La différence rassemble. La résilience n’a pas de frontières.
Inattendue une telle mobilisation de la Ville et Eurométropole de Strasbourg, leurs partenaires institutionnels, associatifs. Des collaborations plurielles centrées sur nombreuses activités mettant en lumière les acquis et les faiblesses des personnes en situation de handicap. L’accessibilité en est le fondement et la boussole, la première demande mise à l’épreuve ce jour d’affluence. La gratuité des activités aidant, les voies de circulation et les transports en commun sont pour tous et toutes. Ce rassemblement redonne vie et espoir à l’entraide et au respect de la dignité de chaque personne.
Inattendu est l’apprentissage sur le terrain du langage paralympique. Les "Para" ont leur propre catalogue des disciplines, un lexique spécifique. Une première pour la majorité du public en termes de vocabulaire à adopter : les disciplines sportives pratiquées par les personnes en situation de handicap sont des parasports. Les mots handisport, handi-escrime, para-judo, volleyball assis, tennis-fauteuil, rugby-fauteuil, … désignent de vrais sports de compétition dont la pratique demande la même dose de concentration, entraînement, combativité, endurance, précision, coordination, joie, cris, … La liste des émotions est infinie.
Notre journée prend fin avec l’allumage tant attendu de la Vasque Paralympique. Les 24 relayeurs de la Flamme ne passent pas inaperçus. Ils font sensation et terminent leur périple au chaudron de la dalle étincelante. La Vasque flambe sous les applaudissements et acclamations nourris. Il ne manque plus que les fumées bleues, blanches et rouges de la patrouille de France "locale". Les gardiennes de la Flamme des Jeux paralympiques tournent le dos à Strasbourg pour Calais. Le parc de l’Orangerie vient de nous proposer un spectacle grandiose source d’émerveillement. La foule totalement séduite investit les différentes allées et pelouses, la tête pleine d’étoiles et de souvenirs inoubliables. Un instant de grâce !