La BD du réel, une nouvelle forme de journalisme ?

De nos jours, la bande dessinée aborde des sujets de plus en plus variés, jusqu'à devenir un support courant pour traiter de faits de société. Dans le même temps, de nombreux journalistes choisissent ce genre pour rendre compte de leur travail.

Nouvel espace narratif, mêlant textes, photos, documents et archives, la bande dessinée du réel prend de multiples formes telles que l’autobiographie, le reportage documentaire, l’enquête et l’interview.

En s’appuyant sur cette tendance, la Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg retrace l’évolution de ce genre protéiforme des années 1990 à nos jours en lien avec le journalisme du 17 mars au 25 juin 2023.

Six chapitres rythmés par des œuvres singulières

L’exposition débute avec la présentation de six auteurs ayant marqué des générations de lecteurs et d’artistes, par leur diversité thématique et artistique. En effet, à l’origine, ce genre est initié par des auteurs qui évoquent des sujets d’actualité majeurs par l’autobiographie et l’introspection. On retrouve notamment "Gen d’Hiroshima" du japonais Keiji Nakazawa et "Maus" de l’américain Art Spiegelman, abordant la Shoah à travers le récit d’un rescapé d’Auschwitz.

La bande dessinée au service de l'histoire

Au fils des années 1970, le genre évolue à nouveau avec Chantal Montellier, considérée comme une pionnière féministe engagée. Elle aborde dans la presse puis dans des albums, des sujets de société sensibles qui interpellent et divisent. Émerge alors le genre autobiographique et d’autofiction apportant un point de vue sur la société et son actualité à travers l’intime et l’expérience personnelle.

La bande dessinée journalistique connaît un nouveau tournant. "L'auteur-reporter", confronté directement au réel, témoigne de l’actualité à travers des photos, témoignages et croquis à l’instar de l’américano-maltais Joe Sacco, qui réalise des reportages en ex-Yougoslavie et en Palestine. On retrouve également le dessin combiné à la photo, avec l’œuvre "Le Photographe", par Emmanuel Guibert, interprétant le reportage en Afghanistan de Didier Lefèvre.

Par la suite, l’exposition nous permet de découvrir des parcours individuels inscrits dans des problématiques sociales, économiques, culturelles ou historiques globales. Le parcours s'achève avec des œuvres mêlant vécu et imagination pour combler l’histoire et prendre de la distance par rapports aux faits.

C’est par toutes ces évolutions de la bande dessinée que l’exposition porte la question d’une nouvelle forme de journalisme.