Offrez-vous un nouveau regard sur la place Gutenberg !

14 octobre 2024

La conservatrice en chef du Musée historique a saisi l’opportunité de Strasbourg, Capitale mondiale du livre pour présenter le monument Gutenberg riche d’une histoire et d’un engagement politique, œcuménique et européen trop méconnu, qui résonne parfaitement avec Lire notre monde et le vivre-ensemble.

Le statuaire est un enregistreur de l’histoire

Elle fait tant partie du décor que les Strasbourgeois ont tendance à passer place Gutenberg sans trop prêter attention à sa magnifique statue à l’effigie de l’inventeur du caractère mobile qui a vécu à Strasbourg de 1434 à 1444.

Restaurée en juin, elle brille d’un nouvel éclat et méritait bien une exposition dédiée. « Le statuaire David d’Angers, l’un des plus grands sculpteurs du XIXe siècle réputé mondialement, était un artiste républicain. Ce n’est donc pas anodin s’il a choisi la place Gutenberg, la Pfalz, qui a longtemps été le centre politique strasbourgeois, entre la cathédrale et l’église Saint-Thomas, pour ériger la statue de Gutenberg », souligne Odile Lassère, conservatrice en chef du Musée historique et commissaire de l’exposition.

David d’Angers définissait le statuaire comme un « enregistreur d’histoire », chargé de transmettre à la postérité les actions des grands de ce monde.

Des messages qu’il a transmis dans la statue à travers la feuille que tient Gutenberg où est inscrit « Et la lumière fut », la presse, le tampon à encre, mais aussi dans ses quatre bas-reliefs où il détaille les bienfaits de l’imprimerie en Europe, en Amérique, en Asie et en Afrique : « Sur cette dernière il envoie un message pour l’abolition de l’esclavage qui n’a été aboli en France qu’en 1848 », révèle Odile Lassère. Les moulures de ces quatre bas-reliefs ont été prêtés par le musée du Louvre et sont d’une incroyable finesse. On y reconnait Voltaire, Shakespeare... et même Luther que David d’Angers a fini par retirer dans l’œuvre originale. Ce ne sont que de maigres détails de toute la richesse de cette exposition dédiée au monument au Musée historique, où l’on peut également apprécier le travail de l’anthropologue Marie Durand qui montre le regard que nous portons sur la ville et les messages qu’elle nous apporte.

A découvrir aussi, à l’espace Emma Muller cette fois, l’exposition consacrée à la célébration de trois jours pour l’inauguration de la statue Gutenberg qui a attiré 100 000 personnes à Strasbourg en 1840 (!). Des documents et objets d’exception - les 51 lithographies d’Eugène Glück sur un rouleau de 23 mètres de long, la bannière des Tanneurs de l’époque, la Grande clé du brancard des serruriers... – nous révèlent l’esprit des corporations de métiers, comment Strasbourg était une fête, sous le regard avisé aussi d’un journaliste parisien venu raconter cette fête républicaine alors que Paris était muselée par Louis-Philippe et la monarchie de Juillet.