Instagrameuse passionnée de littérature, Nadège Hamdi a vu sa vie basculer après la lecture de L’Alchimiste (1988), best-seller de l’auteur brésilien Paulo Coelho. Comment l’alchimie a pris ? Pourquoi a-t-elle sombré dans les pages des écrits ? Questions à celle dont les livres ont changé l’existence et qui est allée "découvrir les mots, leurs pouvoirs".
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En décrochage scolaire, vous abandonnez l’école, les cahiers et stylos, avant de découvrir L’Alchimiste, ouvrage qui a révolutionné votre histoire. Le héros du roman, qui décide de prendre son destin en main, vous a-t-il tendu un miroir ?
Je suis née dans une famille littéraire où j’ai beaucoup vu mon frère et ma mère lire des ouvrages de toutes sortes. À l’adolescence, comme bon nombre de jeunes, la littérature n’était pas mon violon d’Ingres. Et pourtant… L’Alchimiste m’a appris à rêver. Grâce à ce livre, j’ai compris que tout était possible, qu’il suffisait de croire. Il m’a permis d’aller de l’avant, tout comme le héros.
Comment cette alchimie a pris sur vous ? En quoi ce conte spirituel vous a inspiré, transporté ?
Les mots de Coelho m’ont donné envie de découvrir le monde littéraire. J’ai passé un Bac pro dans l’unique optique d’aller en Licence de Lettres modernes. Je voulais découvrir les mots et leurs pouvoirs. La persévérance de Santiago et le chemin qu’il a parcouru m’ont donné envie d’écrire mon futur en m’investissant dans le présent.
Vous avez repris vos études et êtes devenue éducatrice spécialisée…
Durant ma Licence, j’ai travaillé un temps comme surveillante dans un internat de garçons. Cette période a été un jalon marquant de mon existence, presqu’autant que la lecture de L’Alchimiste, car j’y ai monté un atelier d’écriture. Certains adolescents, par le biais de l’exercice écrit, ont pu se libérer d’un certain mal-être. C’est à ce moment-là que j’ai pris la décision de devenir éducatrice spécialisée ! J’imaginais qu’avec mes deux diplômes, je pourrais m’investir, auprès de jeunes ou même d’adultes, en associant littérature et accompagnement.
Votre sujet de mémoire – questionnant la littérature comme vecteur d’accompagnement, d’éducation et d’épanouissement – a joué un rôle dans ce cheminement ?
Il était tout naturel pour moi que mon sujet de mémoire soit axé sur la littérature. On n’imagine pas à quel point la littérature, l’écriture ou même la culture peuvent être des jalons indispensables dans une vie.
Sans cette rencontre “romanesque”, quelle aurait été votre trajectoire ?
Je ne sais pas ce qu’aurait été ma vie sans les lettres. J’aime croire que tout me poussait à croiser la route de L’Alchimiste. Les livres m’ont toujours fascinée, voire même intimidée. Il a suffi d’un rien pour que la rencontre se fasse. Le conseil d’une amie, quelques pièces dans ma poche et une nuit blanche…
Vous partagez votre addiction littéraire via votre compte Instagram où vous vous présentez ainsi : "Maman solo d’une petite Julia née en juin 2019. Accro aux romans et livres jeunesse." Qu’ajouteriez-vous pour détailler ce portrait rapidement brossé ?
C’est drôle parce que si vous demandez à mes amis de me décrire, ils vous diront que je suis une maman gaga et un rat de bibliothèque, mais pas que… Ils ajouteront que je suis un tantinet décalée, que j’aime boire des bières avec eux tout en imaginant un monde meilleur. J’aime rire, beaucoup rire : je trouve que c’est bon pour le moral. Je suis bon public en ce qui concerne l’humour. Piètre cuisinière, amoureuse de la nature et altruiste, j’aime les gens, j’aime apprendre d’eux, un peu comme des livres ouverts.
Jeune mère, vous dévorez, forcément, des ouvrages jeunesse tels que Mon gros chat "bougon" (selon votre description sur Instagram) de Pauline Martin ou Le plus heureux des ours "drôle et amusant" de Richard Edwards et Carol Liddiment.
J’affectionne la littérature jeunesse. C’est important de lire des livres à son enfant, en discuter avec lui, aller à la bibliothèque ou à des manifestations culturelles. Pour l’écriture, Instagram est très intéressant, c’est un lieu d’échanges où il est possible de parler de derniers coups de cœur. Il est important pour moi que ma fille trouve l’inspiration dans les livres et, puisqu’elle est dans un âge où elle observe et imite énormément, il me semble nécessaire de prendre le temps de lire. De lire, mais aussi de partager des moments de lecture.
Toujours sur Instagram, vous citez Lolita de Vladimir Nabokov, 1984 de George Orwell, Le Rouge et le noir de Stendhal ou L’Abbaye de Northanger de Jane Austen… Vous trouvez encore le temps de lire et d’écrire ?
J’ai du mal à croire les gens qui prétendent ne pas avoir de temps pour lire. La littérature, c’est un choix ! Un choix de vie. Je n’ai pas de télévision et je profite des trajets dans les transports en commun pour lire. J’aimerais m’investir un peu plus dans l’écriture, notamment dans mes écrits poétiques et pourquoi pas monter un atelier d’écriture thérapeutique pour des jeunes en rupture sociale. L’avenir me dira si ces projets verront le jour. Tout comme L’Alchimiste, il suffit d’y croire et peut-être que le destin fera son œuvre.
Quels sont les autres livres de votre vie ?
En littérature contemporaine, j’ai une réelle admiration pour Laurent Gaudé. Il est, pour moi, un talentueux conteur. Salina : Les trois exils (édité par Actes Sud en 2022) est une ode à l’amour intergénérationnel dans lequel nous nous reconnaissons tous. C’est poétique, aux portes de l’onirisme. C’est tout simplement beau… Direction l’Espagne avec Manuel Vilas, auteur trop peu connu en France qui m’a chamboulée avec Ordesa (Éditions du Sous-Sol, Prix Femina étranger 2019) et Alegria (2021). L’histoire de cet homme qui se raconte sous le prisme du deuil de ses parents me bouleverse. Cette solitude universelle face à la mort et ce désespoir face à la vie qui passe… C’est puissant, d’une tristesse infinie et en même temps tellement rassurant.