Dans le cadre de la Grande Lecture, l'ambassadrice Lire notre monde Audrey Busch est partie à la rencontre d’une figure choyée des médiathèques, en particulier en Alsace : le dessinateur natif de Colmar Serge Bloch, parrain de la labellisation Lire notre monde.
Des répliques grandeur nature des personnages de Max et Lili se sont sagement installées à l'écoute du dessinateur lors de l'ouverture exceptionnelle de la médiathèque de la Meinau dimanche dernier.
Une question semblait particulièrement les préoccuper : "Est ce qu’ils existent vraiment Max et Lili ?"…
À l'auteur de leur retourner prudemment l'interrogation. On devine sans mal qu'ils existent un peu à travers chacun de ces enfants, déjà mordus de lecture. Édités depuis 1992, avec près de 136 volumes publiés à ce jour, il y a matière à trouver des résonances, pour les petits comme pour les grands
Le dessin : une évidence, sinon un devoir
Pourquoi arrête-t-on un jour de dessiner en grandissant ? - s’interroge l’artiste – avant de conseiller vivement aux enfants de "ne jamais s’arrêter de dessiner". Car dessiner, c’est raconter des histoires avec une simple mine graphite et du papier.
La preuve en image : sous les yeux d’un public attentif, Serge Bloch dessine une Lili, à l’instant inexistante, désormais présente dans la salle. La voilà même affublée de 6 doigts : "le dessin doit être un espace de liberté" affirme l’illustrateur. De quoi inviter les aficionados de la saga à repérer les petites facéties du dessinateur des "Max et Lili"...
Lui, a toujours dessiné. C’est par le biais de ses études en Arts Décoratifs à Strasbourg qu’il découvre l’existence du métier d’illustrateur. Cette vocation s’impose dès lors comme une évidence pour lui. S’en suivent une série d’opportunités et d’occasions de s’accomplir, d’abord comme directeur artistique à Paris, puis comme illustrateur de littérature jeunesse.
Il décrit lui-même l’exercice de son métier comme une immense chance qu’il ne s’agit pas de prendre à la légère, arguant que "les enfants sont bien plus sérieux que les parents".
"Les enfants sont bien plus sérieux que les parents."
Serge Bloch
Deux chevaliers au service des plus petits
Leur "boss" ? Les enfants, leurs histoires, leurs idées, leurs émotions. C’est au duo Dominique de Saint Mars et Serge Bloch que nous devons l’existence de "Max et Lili". À raison d’un rythme d’environ 4 volumes par an, la scénariste travaille d’arrache-pied sur un script exhaustif ; tout y est : les indications spatio-temporelles, les humeurs et expressions faciales des personnages, le ton plus ou moins léger, les couleurs, etc.
Le crayon suit la trame, travaille cette matière première, et lui donne une apparence d’abord crayonnée grossièrement. Puis, après validation de l’auteure, l’illustrateur dessine proprement à l’encre de chine. Enfin, un coloriste se charge de donner vie aux dessins, alors prêts pour l’impression et la publication.
C’est en travaillant dans un journal pour enfants que Dominique de Saint Mars s’est rapidement sentie investie de la mission d’aider les enfants à comprendre le monde qui les entoure et d’y séjourner de façon heureuse.
Pour cette raison, de nombreux sujets sont abordés, directement inspirés d’expériences réelles ainsi que de nombreux échanges avec des parents et des enfants. Depuis le sentiment de solitude, jusqu’à la thématique de l’école, en passant par des sujets plus délicats comme la pédophilie, les deux héros multiplient les aventures permettant aux jeunes lecteurs d’apprendre beaucoup et peut être d’éduquer les adultes à leur tour, qui sait ?
Qui sont Max et Lili ?
Une petite houppette en palmier caractéristique pour Lili, 10 ans, et une petite tête blonde pour Max son petit frère âgé de 7 ans. Les deux stars de la collection se distinguent par des caractères bien à eux.
Lili aime le rouge, Max le bleu. La première use déjà beaucoup de raison et ne manque pas de conseils avisés à destination de ses camarades. Le second aime jouer et a une sensibilité exacerbée. Les deux s’adorent autant qu’ils se taquinent ou se disputent, comme des frères et sœurs.
Après un bref sondage parmi l’auditoire, les filles ont avoué se reconnaître en Lilli, et les garçons, plutôt en Max. Une urne de questions déposées par d’autres enfants a dévoilé l’intérêt d’un jeune public pour le métier d’illustrateur mais aussi pour le "courage" de se lancer dans la création.
C’est avec beaucoup d’entrain que les enfants se sont ensuite retrouvés, feutres en main, sur de grandes feuilles à dessin tapissant le sol de la médiathèque. Le papa de Max et Lili a ouvert le bal, à quatre pattes, en esquissant ses protagonistes emblématiques.
Les dessinateurs en herbe n’ont pas tardé à remplir ce bel espace d’expression artistique en laissant libre cours à leur imagination. Gardons l’œil ouvert sur les futurs talents de l’illustration strasbourgeoise. Rendre les enfants heureux : mission accomplie !
Max et Lili… et bien d’autres choses
Malgré un dévouement sans failles à la bande dessinée "Max et Lili", la carrière de Serge Bloch est riche de nombreuses autres productions et collaborations, notamment aux Etats Unis où il a commencé à travailler pour la presse américaine.
Sa vie à New York lui a notamment inspiré le décor et l’histoire de "Zouk", un livre jeunesse pour lequel il est scénariste, en tandem avec le dessinateur Nicolas Hubesch.
Il collabore également avec des auteurs de livres pour adultes, comme l’ouvrage "Moi j’attends", caractérisé par l’illustration d’un fil rouge symbolisant la vie.
Sans oublier "SamSam", inspiré de son fils Samuel, d’abord en bande dessinée puis en dessin animé. On ne s’étonnera donc pas que les enfants de Serge Bloch se soient destinés à une carrière artistique, l’un ayant repris le flambeau de l’illustration des livres jeunesse, l’autre ayant choisi la sculpture et l’animation visuelle.
- Afin de ne rien manquer de cet artiste aux multiples talents, un site officiel permet d’explorer plus largement ses projets, tous plus plaisants les uns que les autres.
- Pour d’autres détails croustillants sur Max et Lili, un site dédié présente à merveille les collections ainsi que les créateurs.