Qu’il soit bout de papier déchiré, ticket de caisse oublié, carte postale ou support publicitaire, chaque lecteur possède, comme il se doit, un marque-page à glisser dans son livre en guise de repère dans sa lecture. Découvrez l'exposition "Entre les pages" à travers le regard d'Aurélie Plaza.
Dans le cadre de Strasbourg Capitale mondiale du livre UNESCO 2024, la Médiathèque André Malraux propose l’exposition"Entre les pages" du mercredi 24 avril au samedi 13 juillet 2024. Ce projet réunit Fanette Mellier, graphiste et l’illustratrice et autrice Betty Bone autour du marque-page : créer 13 signets pour chacune des 13 médiathèques de la ville.
Genèse du projet
Fruit d’une réflexion et d’un travail collaboratif de plus de deux ans, le choix du marque-page s’est naturellement imposé, comme un objet indispensable dans une maison des livres. Le but étant alors de proposer un objet imprimé, un objet graphique, précieux, gratuit et unique.
Un projet collectif, inscrit dans une tradition ancienne et locale
Ce projet réunit le travail et les compétences d’une graphiste, Fanette Mellier, qui a pensé et travaillé les maquettes, les techniques d’impression, les couleurs et d’une illustratrice, Betty Bone, qui a apporté son regard et sa poésie. Ce projet est aussi une passerelle entre les époques, entre le passé et aujourd’hui. Ainsi, les deux artistes ont travaillé en collaboration avec les bibliothécaires de l’Eurométropole afin de valoriser et d’exploiter le patrimoine local.
En effet, Strasbourg dispose d’un fond de plus de 300.000 ouvrages anciens. Le bassin rhénan possède un grand nombre d’incunables (des livres imprimés avant 1500).
Les étapes du projet
La richesse du patrimoine local a permis d’aller glaner des livres uniques et peu montrés au grand public. Le choix s’est porté sur des livres du quotidien : guide de géographie, bulletin officiel du Bas-Rhin, ouvrage de mathématiques, recettes de cuisine. Ce qui importait : montrer le socle commun entre cet héritage et le travail graphique.
Ainsi, inspirée par la composition de ces ouvrages, Fanette Mellier a d’abord crée treize maquettes en blanc associées à un descriptif technique qu’elle a confié à Betty Bone. Cette démarche, assez inédite, révèle l’originalité du processus : réfléchir à la forme avant le contenu. C’est ainsi que l’écriture graphique précède l’écriture poétique.
Puis Betty Bone a, pour elle-même, dressé une liste de mots associés aux techniques d’impression, au format, à la qualité du papier pour apporter un contenu au marque-page : quelques mots comme un poème.
Voici par exemple une liste de mots liée à la maquette d’un marque-page : offset, papier de couleur, verso encre blanche, recto encre blanche + vernis, lecture devinette
Cela devient, ce poème sur un marque-page :
Qui suis-je ?
J’ai deux pages
Des plis, des mots
Une couverture et un dos
Un recto et un verso
Une langue et un langage
Du vernis et un encrage
Je te parle et tu me lis
La création se poursuit avec la typographie et le choix d’une police en accord avec les ouvrages du patrimoine. Là encore, pour rendre hommage à notre passé, le premier ouvrage imprimé à Strasbourg par Rusch a été utilisé pour créer la police proto romane qui s’ancre dans le territoire de Strasbourg en réinterprétant un caractère historique.
Un objet unique
Treize marque pages mais chacun est unique.
Tout d’abord, car chaque marque -page est associé à une médiathèque et à ses caractéristiques.
Pour la médiathèque André Malraux, le rouge est la couleur dominante qu’on retrouve sur les signets. Une médiathèque qui s’associe au street art et c’est le fluo qui est choisi.
La couleur est essentielle et contraste avec le noir et blanc des livres anciens. Fanette Mellier, alias Madame Couleur peut le confirmer. Ainsi du Bleu Majorelle aux nuances les plus fines, du noir et blanc à la dorure, il y en a vraiment pour tous les goûts.
De même, les techniques d’impression sont différentes et proposent ainsi un tour d’horizon de ce que l’impression peut faire entre la technique offset, la risographie pour son aspect plus flou, ou encore la technique du gaufrage qui apporte du relief.
Enfin, chaque marque -page même s’il possède une dimension standard de largeur 6cm, est unique par son format. Il peut être plié en accordéon, il peut contenir un cul-de-lampe (un ornement placé en bas de la dernière page d’un livre ou d’un chapitre)
Une exposition aux multiples facettes
L’exposition propose une démarche didactique et ludique.
Posés sur un lutrin de couleur fabriqué spécialement pour l’exposition, les livres anciens sont positionnés à côté des marque pages. Vous trouverez également des cartels historiques rédigés par les bibliothécaires, notices abordant les questions techniques pour comprendre les choix graphiques. De même, les planches d’impression sont également proposées. Pléthores d’informations sont ainsi fournies.
Enfin, si la couleur attire notre regard de curieux, elle va aussi vous inviter à une véritable chasse au trésor. En effet, des lots sont à gagner pour quiconque parvient à rassembler les treize marque pages dispersés dans toutes les médiathèques.