Les bibliothèques idéales vues par nos ambassadeurs - Episode 1

20 septembre 2023
L'entrée des visiteurs aux BI 2023

Des passionné.es de livre et de lecture, ambassadeurs et ambassadrices de Lire notre monde, se sont rendu.es aux Bibliothèques Idéales et nous ont fait part de leurs impressions, leurs découvertes et leurs ressentis. Voici l'épisode 1 !

15 septembre 2023

19h : On connaît la chanson ! Karaoké littéraire

Dans l'ombre des intimes, entourée d'enfants de 7 à 77 ans, elle s'assit sur son pouf, accompagnée par le joyeux brouhaha des petits groupes autour d'elle. En entrant dans la petite salle de conférence, elle jeta un coup d'œil curieux aux chansons qui s'annonçait à elle. Ne sachant pas à quoi s'attendre pour ce karaoké littéraire, sa mâchoire se décrocha en découvrant le splendide choix de chansons : Goldman, Barbara, Police… Tous étaient au rendez-vous. Puis, elle ouvrit le petit livret qu'on lui avait glissé entre les mains et comprit le “littéraire”. Certaines paroles de chansons avaient été passé à la loupe pour en révéler tout leur potentiel littéraire.

Puis, le show commença. Les jingles des Meteor Hits rythmaient la soirée, tous plus inspirés et drôles que le précédent. Les bibliothécaires ouvrirent le bal, de quoi mettre à l’aise le petit public présent pour s’amuser. Tous les chanteurs, tous méritants, recevaient un tonnerre d’applaudissements et les cris de joie, autant que les paroles des chansons étaient clamées. Certains même, se laissaient aller à danser, pour le plaisir des observateurs. Puis, la soirée pris fin, au grand dam du public, comme ce compte-rendu, bien trop court pour en laisser goûter la véritable saveur.

Sara Gendronneau

Meteor Hits

Le groupe Meteor Hits s’est produit dans la salle de conférence de la Médiathèque André Malraux. Ils ont partagé pendant plus de 2 heures leur carnet de chants qui regroupait plus de 200 chansons allant des grands classiques de la chanson française au rock en anglais en passant par des balades italiennes.

Les spectateurs qui en avaient envie pouvaient passer les uns après les autres – en s’inscrivant sur une liste – devant le groupe, pour chanter la chanson choisie auparavant, devant un public bienveillant qui pouvait accompagner en fredonnant la même chanson. Tout ça dans un moment de bonne humeur !

Pour les revoir, prochaine date le 18/12 à l’espace Django.

Arnaud Riess

16 septembre 2023

10h30 : Lectures musicales en station - Les mots sont de sortie

 

Sur la place Arnold en ce samedi 16 septembre, un grand bus jaune avait élu domicile pour la matinée. Pendant que certains y entraient pour découvrir quelques rayons de livres à emprunter ou lire quelques lignes, devant le bus, la musique résonnait. Une femme vêtue d’un chapeau violet et jouant de guitare accueillait les passants en chantant, petits et grands reprenant en coeur les refrains de la chanteuse.

C’est ainsi que pendant quelques minutes ont été réunis deux moyens magiques de raconter une histoire : le livre et la musique.

Solène Ali

Lectures musicales en station - Les mots sont de sortie

16h : Cynthia Fleury - La clinique de la dignité

Les mots qui soignent

Lire ou écouter Cynthia Fleury, c’est un peu comme passer la 5e vitesse d’un bolide. La propulsion est telle qu’il nous faut retenir notre souffle, se reconcentrer, entrer en discipline pour pouvoir, enfin, profiter d’une pensée qui nous redonne hauteur et dignité. Que l’on préfère le temps long ou les déplacements ralentis façon Amish importe finalement peu, la virtuosité de la parole nourrie de psychanalyse, de philosophie et de littérature nous invite à percevoir des fulgurances qui redonnent des étincelles de lumière à nos histoires personnelles, nous éloignent de l’amertume et de la plainte et réinvitent notre autodétermination à l’agir.

Car c’est là la vraie force de Cynthia Fleury, dans ses écrits, dans ses prises de positions et dans ses fonctions professionnelles, celle de nourrir l’intime pour redonner au collectif le sens de l’aventure démocratique, celle de redonner courage et dignité à l’aventure humaine, celle de ré-historiciser la notion de soin pour l’ensemble des institutions de l’État.

Valérie Bisson

Cynthia Fleury

17h : Martine & Philippe Delerm - En leur atelier de (re)création 

La présentation du couple artistique est suivie de questions-réponses, images et vidéos, lecture de deux extraits de "Les instants suspendus" par Philippe et "Se reparler de Marguerite" par Martine. Elle conçoit les images et lui les met en musique, composant ainsi une symbiose féconde. "Union, oui et non", souligne-t-il. Car, pendant la création, chacun reste dans son univers, sauf pour "Fragiles" et "Ici", œuvres communes. La projection d'images et vidéos dévoile le cheminement des dessins de Martine, de l'ébauche à la finition.

La lecture des extraits suscite beaucoup d'émotions: les valeurs défendues par Martine et Philippe rappellent à chaque participant.e avoir baigné dans la rivière de l'enfance. Séance empreinte de douceur, tendresse et chaleur. Le public est emporté, l'admiration, le sourire sont permanents. Il faut dire que Philippe a beaucoup d'humour, comme lorsqu' il avoue accepter volontiers une autre invitation, avec la promesse de mêler travail et plaisir autour du fromage et un verre de vin d'Alsace. De lui également partageons cette citation, reprise en hommage à Christian Bobin: "Ceux qui sont sans lecture manquent de mots".

Philomène Milolo

Martine & Philippe Delerm

Entre pudeur et tendresse, malice et gourmande subtilité, elle et il créent comme elle et il respirent. La poésie est l’astre qui les guide indéfectiblement, la mélancolie n’est jamais très loin. Cette mélancolie qui remonte à l’enfance, omniprésente, qu’il définit comme mélancolie de l’attente. Elle dit qu’avec Marguerite, sa grand-mère, elles n’étaient qu’une personne, à elles deux. Elle reparle de Marguerite, elle a finalement accepté de pleurer en écrivant. Marguerite fut ouvreuse à la Cigale, où, bien des années plus tard, Vincent Delerm chantera sa poésie. Martine dessine, esquisse, peint à l’aquarelle, travaille avec le calque, comme Marguerite utilisait autrefois le calque, pour créer les broderies qui garniraient les nappes. Le fil, le trait, le lien, intense, encore si vivant. Philippe, l’enfant sans âge, s’amuse de tout, pratique le braconnage pour débusquer des sujets, se délecte infiniment du souvenir de l’intensité de l’enfance. Elle et ils rêvent debout, funambules et si terriens, poètes…

Catherine Margaillan

17 septembre 2023

15h : Abd al Malik - La chanson, ce prodigieux vaisseau

"Dans Juliette, Abd al Malik rends hommage à cette femme qui marchait sur deux jambes: de l'amour et de la liberté. Aujourd'hui, plus que jamais, il faut parler des femmes. Celles éprises de liberté, qui prônent l'amour et le vivre ensemble, celles qui sont fortes et qui vivent le quotidien. Un livre qui parle de Juliette, la muse de Saint-Germain-Des-Prés, mais aussi de toutes les anonymes parce que les hommes se doivent de magnifier la femme et c'est ce que fait avec brio Abd al Malik.

Cet homme passerelle, ce donneur d'espoir parle avec amour et beaucoup de sincérité du lien générationnel. De ces femmes, même les absentes, qui feront tenir le monde de demain. Et, si vous demandez à cet homme quel est, selon lui, le panthéon littéraire féminin, c’est avec beaucoup d’émotions qu’il répondra : Isabelle Eberhardt, Fatou Diome, Yasmina Reza et bien d'autres encore."

Hamdi Nadège

Abd al Malik

18 septembre 2023

17h : Lionel Duroy, Danièle Laufer & Élise Karlin - Transmission et mémoire traumatique

Rencontre hier sur la mémoire traumatique à l’Aubette

Bouleversante rencontre avec Lionel Duroy, Danièle Laufer et Elise Karlin qui ont plongé dans cet "obscur" dont Meschonnic dit qu’il travaille en nous. Quelle que soit l’histoire dans l’Histoire, les enfants de déportés ou de bourreaux, vivent, voire survivent, avec les "fantômes" de la Shoah. Ceux qui y ont vécu l’horreur dans leur chair et leur esprit et y ont survécu, se sont tus mais les générations suivantes ont exploré cette mémoire traumatique et tenté "de trouver les mots pour le dire".

Lionel Duroy a conclu que "si la justice ne passe pas, l’histoire ne sera jamais racontée", or pour survivre "il faut assumer l’histoire", c’est "un devoir de mémoire" qui permet de redonner une identité à ceux qui ont "une tombe dans les nuages", pour reprendre une image de Paul Celan. La phrase qui m’a marquée et qui résume ces échanges "Vous ferez quelque chose de cette horreur" donne sens aux livres publiés par les auteurs et éclaire les ténèbres d’une lueur d’espoir quant à notre humaine condition.

Françoise Urban-Menninger

Lionel Duroy, Danièle Laufer & Élise Karlin

19 septembre 2023

18h : Marine Westphal & Victor Jestin – Danser le Roman

La danse dans le corps du texte

Deux jeunes auteurs, Marine Westphal et Victor Jestin, ont abordé, avec infiniment de sensibilité, la thématique du  conflit avec le corps durant leur adolescence à la médiathèque Olympe de Gouges. Ce fut pour Marine Westphal, une douloureuse période vécue sous le signe de l’anorexie, pour Victor Jestin, l’image d’un corps encombré généra la nécessité vitale d’écrire. Car c’est avec et par le langage que l’auteur s’est libéré et a pu "régler ses comptes" car "le corps est un livre", a-t-il déclaré. Voilà pourquoi, Arthur, le héros de son roman, trouve son salut dans la danse jusqu’à s’y perdre...

Marine Westphal, à l’instar de son héroïne Olympe, a elle aussi trouvé une autre forme de langage qui lui permet de réconcilier l’esprit et le corps. Et c’est bien ce qu’elle a démontré avec magnificence dans cette rencontre en offrant au public la grâce inédite d’une prestation dansée pour tisser des liens tangibles avec la lecture de fragments tirés de son roman et de celui de Victor Jestin.

Françoise Urban-Menninger

Marine Westphal & Victor Jestin – Danser le Roman
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