Un programme fort dense a cadencé cette 4ème édition de la Semaine Européenne du Numérique Responsable. Nous déroulons le fil rouge des événements organisés par la Ville et Eurométropole de Strasbourg au Shadok du 17 au 22 juin 2024.
Un large éventail de questionnements sur le numérique
Bien que notre usage général du numérique soit omniprésent, nous ne pensons pas constamment à tous les enjeux pouvant y être liés tant ils sont nombreux. Il est devenu si évident de nouer des liens virtuels, de s’informer et de communiquer à distance, tout en multipliant nos accès et nos comptes sur divers supports et diverses plateformes que nous peinons à prendre conscience de certains angles morts sur le sujet.
Les interventions ainsi que les différents stands de cette semaine dédiée au numérique responsable ont eu pour vocation de soulever trois grands axes problématiques liés à nos pratiques numériques :
- Le caractère intrusif et chronophage du numérique : sans limitation délibérée, peu d’entre nous peuvent se targuer d’avoir un temps restreint d’utilisation du téléphone, de l’ordinateur ou de tout autre objet connecté. Le droit à la déconnexion dans le cadre professionnel pourrait aussi être appliqué dans la sphère privée tant il peut être complexe de s’extraire de groupes de communication et d’activité sur les réseaux, y compris avec nos proches.
- La dimension coercitive de la dépendance au numérique : trop de numérique tue le numérique ? Rien n’est moins sûr… En revanche, il génère assurément des comportements addictifs pouvant porter sérieusement atteinte à notre liberté. Dans la veine du "Safer Internet Day", il est important de mener un travail de sensibilisation et de prévention quant aux risques découlant des usages du numérique (atteinte à la vie privée, cyberharcèlement, infox etc.)
- L’Intelligence Artificielle source de nombreux débats : l’arrivée fracassante d’assistants grand public d’IA générative tels que ChatGPT, Dall-E ou encore Character AI réveille depuis peu de nombreuses inquiétudes.
Comment dessiner les contours d’un usage responsable d’outils se développant aussi rapidement sur la base d’une quantité de données non filtrées aussi importante ?
L’enjeu majeur de l’atteinte à la vie privée
La Ville et Eurométropole de Strasbourg accorde une importance particulière à la thématique de la protection de la vie privée des utilisateurs et utilisatrices du numérique. En effet, il est rare de ne pas laisser quotidiennement en ligne de nombreuses traces appelées "données personnelles".
Ces dernières recouvrent de nombreux aspects de notre identité : nom, âge, situation géographique et personnelle, mais aussi notre voix ou encore notre visage. Elles sont en elles-mêmes considérées comme une richesse à part entière, entretenant des dynamiques de marché (achat et revente de données personnelles).
Les nombreux piratages de sites d’intérêt public, tel que France Travail récemment, révèlent combien ces données sont précieuses pour des cyber malfaiteurs aux intentions dangereuses pour notre sécurité (usurpation d’identité, fuite de données personnelles, piratages de comptes utilisateurs).
Il est important de garder à l’esprit que de la même manière que nous ne clamons pas à tort et à travers toutes nos informations personnelles dans l’espace public, la prudence est également de mise sur l’espace public virtuel "Internet".
Mais alors, sur quelles protections pouvons-nous nous appuyer ?
- Tout d’abord, il existe une protection réglementaire européenne nommée "RGPD" : Règlement Général sur la Protection des Données. En vigueur depuis 2016, ce texte encadre la collection et l’utilisation des données des utilisateurs et utilisatrices par les entreprises et organisations. Il fournit également une base légale à partir de laquelle nous pouvons demander un accès aux données détenues, leur rectification ou encore leur suppression.
- Ensuite, sur une protection informatique en veillant à paramétrer nos réseaux sociaux de façon à filtrer au maximum l’accès à notre profil public (refuser les publicités ciblées ou encore rester en mode privé)
- Enfin, sur une protection d’initiative personnelle en se méfiant des informations partagées sur les réseaux sociaux. De nombreuses sources manquent de fiabilité, tout en prenant l’apparence de médias officiels et reconnus afin de nous induire en erreur. Il faut donc redoubler de vigilance avant de partager des infox !
L’essor de l’Intelligence Artificielle
Plusieurs ateliers et stands autour de nouvelles pratiques avec l’Intelligence Artificielle dans la sphère publique ont permis d’explorer de nombreux enjeux invitant à une forme de sobriété dans l’utilisation de cette technologie.
L’association "Latitudes", a par exemple ouvert une réflexion collaborative sur des sujets tels que l’impact environnemental de l’utilisation massive et généralisée de l’IA, mais également les biais ethniques de cet outil pouvant amplifier les phénomènes de discrimination, ou encore l’empiètement de certaines IA sur la créativité.
Plusieurs activités ludiques ont permis de replacer l’IA dans un contexte historique mais également de saisir plus finement les dilemmes auxquels peuvent être confrontés des politiques ou des employeurs lorsque la concurrence s’empare sans hésitation de ces nouveaux outils pour orienter des élections (cf. Brexit ou élections américaines) ou pour justifier une campagne de licenciement (cf. grève des scénaristes à Hollywood).
Il ressort de cette expérience le sentiment d’un devoir citoyen de s’engager pour une utilisation raisonnée de l’IA ainsi que de la Tech en général. En témoigne la communauté Data For Good mise en avant par le collectif pour son ambition s’inscrivant pleinement dans la logique du numérique responsable : préférer une technologie sobre et respectueuse des enjeux sociaux et environnementaux à une croissance aveugle d’un numérique essentiellement mercantile.
Afin de s’emparer de ces sujets passionnants et d’adopter une attitude numérique plus responsable, il est possible de consulter les sites mentionnés ainsi que d’utiliser les outils indiqués par la Ville et Eurométropole de Strasbourg pour plus de sécurité. Il revient également à chacun·e de se tenir informé·e au maximum des évolutions numériques en fonction de ses usages.