Pour bien commencer l'année, on vous propose d'écrire un résumé de votre année comme s'il s'agissait de la 4ᵉ de couverture d'un livre. Pour l'occasion, on vous propose de consulter la sélection de romans autobiographiques de Bénédicte Junger, bibliothécaire à la Médiathèque du Neuhof !
Quelques recommandations
Ma vie sans gravité
Thomas PesquetVoici une autobiographie aux allures de roman d’aventures, dont le héros est devenu l’une des personnalités préférées des Français. Thomas Pesquet évoque ses doutes, les sacrifices que demande ce métier pas comme les autres, et évoque son rêve de partir un jour vers la Lune. Il raconte son parcours d’astronaute à l’ISS, les embûches et les personnes ressources qu’il rencontre sur sa route. De quoi faire rêver les plus jeunes, passionner les plus grands, réfléchir les plus sceptiques, tout en gardant, comme lui, la tête dans les étoiles, mais les pieds sur terre !
Saturne
Sarah ChicheComment fait-on le deuil de quelqu’un qu’on n’a pas connu ? C’est là tout le propos de l’entreprise d’écriture réparatrice de la psychologue et auteure Sarah Chiche. Évoquant son histoire personnelle, pour mieux généraliser la perte d’un être cher, tout en croquant avec une justesse crue les relations toxiques d’une famille en confettis, l’auteure signe un roman choc qui imprime sa trace jusque dans les plus fines particules de notre ADN. Le titre "Saturne" avec son petit côté mystérieux est en fait une double évocation. Il fait référence d’une part à la planète dont les attributs sont l’automne et la mélancolie, mais aussi au tableau de Goya et par ricochet à la mythologie grecque qui figure Saturne dévorant ses enfants afin qu’ils n’accèdent pas au pouvoir. Ce titre énigmatique synthétise à lui seul l’ambition de ce roman bouleversant.
Petit pays
Gaël FayeIl y a du "Club des cinq" et un petit air de Marcel Pagnol dans ce roman d’inspiration autobiographique. L’auteur tente de cerner l’enfance et ces amitiés fondatrices et primordiales quand on se construit. Le personnage de Gabriel, largement inspiré de l’auteur lui-même, revient sur une enfance au Burundi, heureuse puis grave dès que la guerre explose entre les Hutus et les Tutsis. Également roman d’apprentissage, ce livre porte une réflexion touchante sur le concept d’ethnies et par extension de racisme. Le narrateur, enfant métissé, cherche un sens à la barbarie et la haine des hommes. S’il n’en trouve pas, il pose cependant des questions essentielles auxquelles le lecteur est invité à réfléchir.
Les rêveurs
Isabelle CarréDes rêves ? Bien sûr que nous en avons tous ! Ils sont une projection, un souhait, un espoir. Mais pour Isabelle Carré, tels qu’elle les présente dans son livre, ils sont d’abord un moyen de réinterpréter le présent et d’envisager le futur. La comédienne feuillète l’album de ses souvenirs pour les confronter, les ausculter et les partager avec la générosité et la simplicité d’une confidence.
Le lecteur découvre une famille que je qualifierais de "spéciale"quand l’auteure exprime son souhait d’avoir une "famille classique". Dès lors, tout est dit de la démarche de la comédienne qui manie la plume avec une simplicité désarmante de sincérité et une absence totale de jugement de ses parents si atypiques. Au-delà de la sphère familiale, on peut découvrir les références culturelles, cinématographiques, musicales, théâtrales d’une jeune femme de son siècle, dans les années 70/80. On peut y lire aussi un témoignage sur une époque et y déceler une certaine nostalgie.
La mémoire délavée
Nathacha AppanahComment grandir et se construire quand on a l’impression que des morceaux de son histoire vous échappent ? Pour ses enfants et pour elle, l’auteure ouvre la boîte aux souvenirs qui n’a rien d’une boîte de Pandore, mais expose tout de même des épisodes douloureux de son histoire familiale. Il y a par exemple ce moment terrible où le lecteur comprend que le grand-père, lors d’un acte de rébellion (plus que normale) avec le contremaitre de la plantation où il travaille a néanmoins plongé sa famille aux marges de la communauté indienne de Maurice pourtant très soudée. L’humour affleure parfois aussi et de manière assez salvatrice devant les conditions de l’exil et de l’exploitation rudes et révoltantes des "coolies". Nathacha Appanah livre un texte universel empreint de délicatesse et de tendresse pour ceux qui disparaissent toujours trop tôt de nos vies.
Einstein, le sexe et moi
Olivier LironÀ la manière du film "Slumdog millionaire", Olivier Liron raconte sa différence d’autiste asperger. Avec simplicité, par le truchement des questions auxquelles il doit répondre lors du jeu "Question pour un champion", il ouvre la boite de ses souvenirs. Durs, émouvants, difficiles et parfois d’une injustice sourde, toutes ces réminiscences dépeignent le jugement qu’il subit de la part de son entourage : durant son cursus scolaire (camarades, corps enseignant et corps dirigeants), durant sa vie intime et dans cette quête essentielle de l’affirmation de lui-même. Un roman bouleversant, grave et drôle qui aborde les questions de l’identité, de la mémoire et de l’écriture de soi. Quels sont les impacts de nos silences et nos regards sur l’altérité ? Voilà un très beau roman autobiographique avec cette puissante invitation à être soi, libre et heureux.