Dans le cadre de notre défi de la semaine, notre ambassadrice de la lecture, Valérie Bisson, résume l'année comme une quatrième de couverture.
Autour d'une étoile
As-tu déjà remarqué que l’année finit et commence à la même saison ? Ainsi en est-il de 2023 comme de toutes les autres. Elle a commencé au cœur de l’hiver, et se termine dans un froid devenu relatif qui revient avec les feuilles mortes et au plus profond de la nuit … Tu vas me dire que tout cela n’est pas très engageant. Et tu n’auras pas tort.
Si par cette nuit d’hiver, je voyageais à rebours… Si je revenais en arrière, même saison, même personne, même monde, mais pas tout à fait… Si par cette longue nuit de solstice éclairée à la bougie, je tentais de mettre un peu plus de lumière ? Et si je redonnais un printemps à Nahel, si j’annulais les fournaises de l’été, si j’effaçais le conflit né en automne et la peste brune revenue avec les feuilles mortes, si je refaisais le monde tel qu’il n’aurait pas dû être…
Ainsi pourrais-je aussi faire avec ma vie, revenir sur cette année 2023 tout entièrement composée d’indécisions, de variables et de sensations confuses. C’est précisément ce qu’il me faut : ici où tout est sensations diffuses, troubles et indétermination… Un à peu près dont je peux décider de changer le cadrage et l’éclairage, un film que je peux rembobiner, une image sur laquelle je peux porter un autre regard. Et si je collectionnais les instants scintillants de mon année dans de petits bocaux : janvier, février, mars, avril… comme autant de petites lucioles captives de ma mémoire. Et d’un printemps perpétuel, je chassais mes sombres humeurs. Je pourrais vouloir que ce poids des sensations qui gît dans les choses se communique, non pas comme une infortune, une noirceur, mais comme la substance même de mon histoire, l’essence de la vie humaine ; l’important étant dans la transmission de l’effort que j’accomplirais à préserver, entre les lignes, le sens fuyant et erratique de ce qui advient.
Peur, guerre, mort, destruction, deuil. Et si je redonnais au noir un peu de sa superbe, si j’y voyais l’encre profonde des mots imprimés sur le papier, instants volés à mon calendrier perpétuel, si je lui reconnaissais son élégance austère et tellement géniale, celle d’une petite robe née de l’imagination d’une Gabrielle éprouvée, si j’y retrouvais la résistance saine et vitale affichée par le pavillon étymologique de la piraterie… Si je faisais de l’obscurité une non-couleur, un juste temps de repli, une aire de repos, un souffle d’humilité, une terre de germination porteuse des promesses du printemps. Un temps réflexif, un noir brillant.
Si toi aussi, cher lecteur, tu collectionnais des particules de beauté, de joie, de l’infime instant, si toi aussi tu inscrivais sur tes bocaux : UTOPIE, et t’en servais une dose quotidienne ? Saurais tu faire avec la clarté retrouvée ? Prendre mouvement dans les gestes du corps ? Composer avec la lumière ? Alors, qu’adviendrait-il de nous ? C’est le récit que je t’invite à découvrir, celui de la rencontre des contrastes, où le noir et le blanc composent les clairs-obscurs d’un Vermeer, où les nuances baroques s’unissent pour créer des dégradés de vie. Au fil de ta lecture, je t’invite à recomposer ta palette, à allier l’ombre à la lumière, à observer le mélange des teintes, à faire de tes noirceurs des apprentissages, de tes réussites des blancs lumineux, à dessiner ton chemin au gris de Payne, à te nourrir du mien, à contribuer à l’écriture de l’histoire de cette implacable course autour du soleil…