À Hautepierre, on ne se dispute pas, on discute...

11 août 2024

Depuis un an, grâce à Lassana Djimera, des ateliers philosophiques bimensuels se tiennent à la Maison des projets de Hautepierre. Ces rencontres, animées parfois par Élise Tourte, docteure en philosophie, visent à sortir la réflexion des murs académiques et à renforcer les liens entre les habitant·es du quartier.

Une Initiative de rencontre et de partage

"À mes concitoyens de Hautepierre, je m’adresse à vous par ce billet pour expliquer ce qui me motive à initier la tenue bimensuelle d’un atelier de philosophie dans notre quartier. Avant de rentrer dans le vif du sujet, parlons de philosophie d’abord, puis de l’habitant que je suis et enfin de mes motivations. La philosophie est généralement définie comme quête du savoir au moyen du doute méthodique qui nous ouvre les voies de la sagesse. La question philosophique embrasse tous les domaines de la vie. Elle nous aide à nous rapprocher de la vérité des choses et des faits, à nous comprendre et à comprendre les autres tant du point de vue du savoir-être, du savoir-vivre que du savoir-faire. 

Elle n’est pas à mon sens une pratique abstraite, mais plutôt une activité pratique. Les philosophes sont les éclaireurs de la cité. C’est pourquoi elle doit être populaire et ne pas être l’apanage des temples universitaires. Ceci est un objectif qui m’anime, comme mon souci de voir les habitant·es se rencontrer, se connaître pour améliorer les conditions du vivre ensemble et du coup renforcer les liens de concitoyenneté. Car diffuser une bonne et saine parole est le remède pour une bonne santé. C’est en sens qu’en Afrique, on dit que "L’homme est le remède de l’homme." Et je crois que la meilleure des façons pour juguler les préjugés des un·es sur les autres, passe par la rencontre. Notre société est malade de la solitude et du préjugé. Pour l’en sortir, il faudrait cultiver largement dans nos villes l’esprit paysan du souci de l’autre. Comme le dit l’adage : "Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es."

Je suis africain d’origine mauritanienne et français d’adoption au bon teint d’ébène, j’habite Strasbourg depuis 1990, successivement dans les quartiers du Neudorf, Neuhof puis Hautepierre depuis 2004. Je suis agent de sécurité de profession et à mes heures perdues, ma passion est de m’occuper des miens, de mes proches et des autres, Après deux ans d’études philosophiques inachevées à la Sorbonne, je n’ai pas cessé de cultiver en autodidacte mon jardin par moi-même, Je suis un acteur associatif engagé auprès des justes, femmes et hommes afin de mener à bon rivage le bateau de l’Humanité."

Lassana

Des ateliers qui renforcent le lien social

"Depuis un an, grâce à l’initiative de Lassana Djimera, des ateliers philosophiques ont lieu tous les deux mois à Hautepierre, à la Maison des projets. Un petit groupe d’habitant·es se retrouve d’abord pour décider du sujet, puis un mois plus tard ils et elles tiennent leur café philo. J’ai eu la chance d’animer une discussion sur le thème de la lecture en avril : "A-t-on besoin de lire pour s’instruire ?" Je suis docteure en philosophie, mais comme Monsieur Djimera, je considère qu’il faut faire sortir ma discipline des murs de l’Université ou de l’école. Ensemble, on réfléchit aux concepts, on se pose des questions, on avance vers une meilleure entente et une meilleure compréhension des autres points de vue. Par ces ateliers philo, on fabrique du lien social."

Elise

Lassana Badiane DJIMERA et Élise TOURTE