Retour sur le récital poétique de clôture du Forum mondial de la Démocratie le 10 novembre à l'église Saint- Pierre-le-Vieux, avec une lecture de Clara Guila Kessous, accompagnée par l'orchestre Ballade.
Guila Clara Kessous, jolie femme pétillante, nous a ému·es par sa lecture de plusieurs textes relatifs à l'exil écrits par des auteurs et autrices hautement emblématiques. Ainsi, à travers la prose d'Albert Camus, Maryam Madjidi, Zana Sioniowska, Catherine Bardon, Chimamanda Ngozi Adichie, Souad Massi, Rosa Luxembourg, Alice Zeniter, cette ambassadrice de la paix de l’Unesco, nous raconte avec empathie et profondeur les affres du déracinement.
De sa voix claire et émouvante, elle nous fait revivre le douloureux cheminement intérieur et extérieur de l’exil qu’ont connu ces écrivaines et ces écrivains, qu'ils viennent d’Algérie, d’Europe centale, d’Afrique subsaharienne, d’Iran ou d’autres contrées lointaines. Chez chacune et chacun, le souvenir du pays natal et de la langue maternelle résonne avec douleur et nostalgie.
L'orchestre Ballade
Ces paroles du déracinement étaient entrecoupées de superbes morceaux musicaux du concert Ballade qui nous a enchanté·s, en jouant avec ardeur des musiques venues d’ailleurs, d’Europe centrale ou d’orient. Musiques porteuses d’espoir, venues des pays de leur enfance. Pays aimés mais délaissés, en raison des difficultés économiques mais également d’un manque cruel de liberté et de menaces de mort à peine voilées.
Pays quittés à contre- cœur, donc, par ces exilé·es retrouvé·es noyé·es en occident dans un bain de culture étrangère, dont, le plus souvent, ces personnages attachants ne connaissent ni la langue ni les us et coutumes. Cependant, parfois, au milieu du désespoir de cette acculturation, de cette maladresse d’exilé·es, perce une drôlerie désarmante comme celle que raconte avec délice Chimananda Ngozi Adichie, cette autrice nigérienne exilée aux États-Unis.
Ainsi, sur les cendres du désespoir, naissent le besoin de résilience et la faculté d’espérer. C’est ce à quoi nous convient les belles musiques entonnées ; lesquelles semblent nous chuchoter que même en exil, "la nuit n’est jamais complète".
La nuit n’est jamais complète. Il y a toujours puisque je le dis, Puisque je l’affirme, Au bout du chagrin, une fenêtre ouverte.
Paul Éluard
Témoignage de l'artiste : Clara Guila KESSOUS
"La lecture a toujours été thérapeutique pour moi. Sur les traces de Sadie Delaney Peterson, cette travailleuse sociale qui soignait dans les années 1930 par la lecture les vétérans de guerre souffrant de troubles post traumatiques à l’hôpital militaire de Tuskegee en Alabama en complément à la médecine classique, je reste persuadée que la lecture à voix haute reste une pratique aux vertus profondément positives pour soi et pour les autres.
Dans l’amour de la prononciation de chaque syllabe, du passage de la graphie de la lettre qu’absorbe l’œil qui expire par la bouche sous forme de son, il y a un acte d’une infinie tendresse, d’une infinie caresse dans l’acte de lecture et en particulier de lecture à voix haute.
Peu importe le contexte, mon utilisation de la lecture à voix haute a toujours été une façon de me connecter à l’autre, à la vie de l’autre, à l’être de l’autre."