Du 7 février au 26 mai 2024, la Bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg présente l’exposition "Mari en Syrie, renaissance d’une cité au 3ᵉ millénaire". Cette exposition est un événement exceptionnel qui a le projet de faire revivre au public l’un des plus puissants royaumes du Proche-Orient ancien, celui de Mari, lors d’une des phases les plus brillantes de sa longue histoire. Françoise Urban-Menninger se saisit de cette occasion pour nous offrir son point de vue.
Un voyage au cœur du 3ᵉ millénaire
L’affiche de cette exposition proposée par la BNU, représentant l’un des deux lions en cuivre découverts par André Parrot en 1937, suspend le temps par le regard hypnotique du félin.
Installé à l’entrée du temple du Seigneur-du-Pays pour impressionner les humains, ce lion semble nous observer du haut de ce 3ᵉ millénaire où la cité de Mari fut fondée sur les bords de l’Euphrate. Impressionnée, je le suis, à mon tour, aujourd’hui, en découvrant l’évolution de l’écriture cunéiforme, depuis l’invention des pictogrammes jusqu’aux signes abstraits qui nous donnent à déchiffrer des lettres apocryphes.
Les foies divinatoires offrent une autre approche de l’âme humaine dans une lecture des entrailles, qui nous lègue un savoir ancestral soigneusement consigné sur des supports en terre cuite ou sur des tablettes d’argile.
Le divin, le sacré planent indubitablement sur cette exposition où l’on peut lire des extraits de "la prière aux dieux de la nuit" traduits par Georges Dossin en 1935 qui nous apprend "que les dieux et déesses / sont entrés dans l’enclos des cieux".
Malheureusement, Daech ayant occupé le site en 2014, les pillages se sont succédé, l’enceinte sacrée a été frappée par deux missiles...Alors, réjouissons-nous aujourd’hui de pouvoir admirer ces pures merveilles dont certaines ont été prêtées par le musée du Louvre. Ne boudons pas notre plaisir, ouvrons grand nos yeux tel ce lion impassible qui nous contemple et attend notre visite.