Un sac de livres à l’école Sainte-Aurélie

18 août 2024

À l’heure de la récréation, l’école Sainte-Aurélie à Strasbourg organisait le mardi 18 juin 2024 l’opération un "Mon sac de Livres" dans le cadre de Lire le monde en collaboration avec Bibliothèques Sans Frontières et avec le soutien du Centre national du livre.

L’opération "Mon sac de livres"

Cette opération concerne 150 enfants à Strasbourg. Ce projet, porté par Bibliothèques Sans Frontières, consiste à offrir un sac de 5 livres provenant de dons de maisons d’éditions ou d’achats. Parmi ces ouvrages, certains proviennent de maisons d’édition locales comme les Éditions "Du Pourquoi Pas ?"
Ce programme permet d'accompagner, dans l’apprentissage de la langue, le plaisir de la lecture et la découverte de leur pays d’accueil, les élèves nouvellement arrivés en France et scolarisés dans l’école. 

Narida

Elle a de longs cheveux bruns peignés et glissés sur le côté. Un cœur bleu sur un tee-shirt blanc. Ses yeux dévorent les adultes qui exceptionnellement ont envahi sa cour de récréation. Fière, elle trône sur un banc de bois avec ses petit·es camarades. Sages, ils assistent aux discours des grands qui ont mis un point d’honneur à organiser avec le plus grand soin cette cérémonie symbolique, consistant à remettre un sac de livres à des enfants. L'événement se tient à l’école élémentaire Sainte-Aurélie. Mais pour l’instant, le secret est bien gardé ; elle n’en sait rien.
Leur professeure des écoles les invite à se présenter. À tour de rôle, ils rivalisent de révérences et gestes théâtraux pour révéler leur nom au public. Ils accrochent le sourire de leurs parents et de toute l’assemblée. Narida se lève et se présente. J’entends sa voix du haut de ses dix ans.
Ce que je sais d’elle, je l’ai appris sur un panneau plus loin où elle a posé avec une calligraphie toute appliquée quelques mots pour se présenter. Elle indique ses couleurs préférées, les matières qu’elle apprécie : le français, les mathématiques, le sport. Elle parle de sa jeune sœur et de ses goûts alimentaires. Elle aime les feuilles de vignes et les frites avec le ketchup.
Elle a dessiné le drapeau de son pays : l’Azerbaïdjan.

À quoi sert un livre ?

Dans l’espace de la cour, elle avance droit devant, pour dire ce que les livres apportent. En quelques mots, dire ainsi à quoi servent les livres et les noter sur des cœurs qui volent au vent léger attachés comme une litanie d’évidence et de prescriptions essentielles.

Ainsi, pour les enfants, les livres servent :

  • à progresser en français
  • à apprendre à écrire
  • à s’endormir
  • à rire
  • à comprendre le monde
  • à être heureux

Voilà, le bonheur qui tient modestement dans un sac à dos contenant 5 livres choisis par leurs copain·es d’une autre classe. L’un·e après l’autre, vont offrir leurs cadeaux.

Je m’approche de Narida. Occupée à boire un verre de jus de fruits. Elle me regarde un peu circonspecte. Avec délicatesse, je lui demande si elle veut bien me montrer son trésor. Avec un grand sourire, elle extrait un album de coloriages, "un cahier avec des petits carreaux pour faire des mathématiques", précise-t-elle. Et elle aime ça. "Avec les problèmes, j’ai eu un A et un Bravo". Elle tient dans ses mains, un album de Tom Tom et Nana, le livre La montagne de livres, Les filles cruelles et La classe nature. Elle me glisse que le 27 juin, elle va faire un pique-nique avec sa classe. Un cinéma et un pique-nique.

J’apprends d’une voix discrète que tous ces livres ont été choisis et sélectionnés en fonction des goûts de l’enfant. Il y a aussi un carnet et un crayon pour écrire.

Les enfants vont parachever ce moment par une courte chanson. Déjà, je les vois regarder et consulter le contenu des sacs de leurs camarades, envisageant peut-être des échanges ou des prêts.

Midi résonne dans la cour de récréation. Je laisse Narida en compagnie, forcément heureuse, de ses livres.

Je me demande si elle ne sera pas tentée de faire l’école buissonnière l’après-midi pour aller dévorer les livres reçus.

Aurélie Plaza